À l’ère numérique, un simple clic sur « partager » peut faire le tour du monde en quelques secondes. Les réseaux sociaux ont donné à chacun d’entre nous le pouvoir de diffuser de l’information… mais aussi de la désinformation.
Poussé par l’émotion, l’indignation ou le désir d’agir, un internaute peut facilement relayer un contenu sans en vérifier la véracité. Or, dans le monde juridique, ce geste apparemment anodin peut avoir de lourdes conséquences, notamment lorsqu’il touche à la réputation d’autrui.
Une récente décision de la Cour supérieure du Québec (Boucal c. Rancourt-Maltais, 2025 QCCS 2301) rappelle brutalement que partager une information diffamatoire, même sans en être l’auteur, peut entraîner une condamnation financière sévère.
Dans cette affaire, une femme a été condamnée à verser 20 469,78 $ pour avoir republié sur Facebook un témoignage d’agression sexuelle, sans vérifier si celui-ci était fondé. Le témoignage visait un homme œuvrant dans le domaine de l’interculturalité, connu pour son engagement social.
Les conséquences pour le plaignant
Ce que la défenderesse soutenait :
En matière de responsabilité civile pour diffamation, trois éléments doivent être démontrés :
Le plaignant a prouvé que la publication avait atteint sa réputation. Selon la Cour, une déclaration est diffamatoire si :
« Un citoyen ordinaire estime que ces propos, pris dans leur ensemble, ont déconsidéré la réputation du demandeur. »
La Cour rappelle trois situations où une personne peut être tenue responsable pour diffamation :
Dans ce cas, la défenderesse entrait dans le troisième scénario : elle a partagé une accusation grave, non vérifiée, sans être témoin ou victime, sans intérêt public légitime. Elle a agi avec une intention malveillante.
La Cour a reconnu un lien direct entre la republication et les dommages subis, malgré la publication initiale antérieure.
La somme totale de 20 469,78 $ a été répartie comme suit :
Type de dommage | Montant accordé |
---|---|
Dommages moraux (dépression, anxiété, perte de réputation) | 10 000 $ |
Dommages matériels (frais de déménagement, soins, médication) | 7 969,78 $ |
Dommages punitifs (acte illicite et intentionnel) | 2 500 $ |
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Texte rédigé par Me Gabriel Bossé, avocat