Dans un monde professionnel où la mobilité des employés et la concurrence entre entreprises sont plus intenses que jamais, les employeurs cherchent à protéger leurs intérêts stratégiques : clients, informations confidentielles, secrets commerciaux, etc.
La clause de non-concurrence, souvent insérée dans un contrat de travail, a justement pour objectif d’empêcher un salarié d’exercer, pendant ou après son emploi, une activité concurrente pouvant nuire à son ancien employeur.
Cependant, cette clause n’est pas automatique : elle est strictement encadrée par la loi pour garantir un juste équilibre entre les droits fondamentaux du salarié et les intérêts légitimes de l’employeur.
Au Québec, l’article 2089 du Code civil établit les conditions nécessaires pour qu’une clause de non-concurrence soit valable et opposable au salarié :
La charge de prouver la raisonnabilité de ces éléments revient à l’employeur.
Dans ces cas, les tribunaux peuvent déclarer la clause nulle dans son ensemble, ce qui empêche l’employeur de l’invoquer contre le salarié.
Valide jusqu’à 24 mois pour des postes de haute responsabilitéNon justifiée = clause annulée
Dans l’affaire Sync-Productions c. Paquette (2025 QCCS 893), la Cour a validé une durée de 12 mois, mais invalidé la clause complète en raison d’une limitation territoriale déraisonnable.
Dans Evapco Systèmes LMP c. Aucoin (2024 QCCS 4199), une clause interdisait au salarié d’agir comme :
« Employé, consultant, conseiller, agent ou entrepreneur ou à tout autre titre identique ou similaire… »
Problème : la clause ne précisait pas clairement les activités interdites à l’employé lui-même. Résultat : invalide pour manque de clarté.
Acceptée : jusqu’à 75 km, ou même toute la province selon les cas
Refusée : clause de 4 km injustifiée
Dans Signalisation GardaWorld c. Lescureux (2023 QCCS 3974), une clause prévoyant 75 km autour du bureau a été jugée raisonnable, car elle reflétait la zone d’opération réelle du salarié.
À l’inverse, une clause de 4 km imposée à un dentiste a été jugée déraisonnable par la Cour d’appel, car l’employeur n’avait pas réussi à démontrer un intérêt légitime à une telle restriction.
La clause de non-concurrence est un outil puissant, mais sa validité dépend entièrement de sa rédaction et de sa justification.
Que vous soyez employeur souhaitant protéger vos intérêts ou salarié cherchant à comprendre vos droits, notre cabinet peut vous accompagner efficacement.
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Texte rédigé par Me Louisa Lakeb, avocate
En collaboration avec Me Malorie Raymond, avocate